Un nouvel ouvrage cartographie les zones clés pour la conservation de la biodiversité du Gabon
Un livre nouvellement publié et rédigé par une équipe internationale d’experts, dont Olivier Pauwels de l’Institut des Sciences naturelles, cartographie 35 zones clés au Gabon nécessitant une protection pour conserver la biodiversité unique du pays. « Après deux décennies de recherches, nous avons maintenant une stratégie claire pour protéger les espèces et les habitats qui demeurent vulnérables en dehors des parcs nationaux du pays ».
Le Gabon abrite l'une des forêts tropicales les plus vastes et les plus préservées d'Afrique, couvrant plus de 85% du pays et faisant partie du bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l'Amazonie. Les habitats diversifiés du Gabon, y compris les forêts tropicales, les savanes, les mangroves et les rivières, sont cruciaux pour la biodiversité mondiale, abritant des espèces telles que les éléphants de forêt, les gorilles, les chimpanzés, des centaines d'espèces d'oiseaux et une incroyable variété de plantes.
Le pays a montré un fort engagement envers la conservation, en désignant environ 11% de son territoire comme parcs nationaux pour protéger sa riche biodiversité. Ces 13 parcs nationaux ont été créés il y a vingt ans, sous la direction d'experts scientifiques comme Olivier Pauwels, spécialiste des reptiles et amphibiens, et conservateur des collections de vertébrés de l'Institut des Sciences naturelles.
Bien que les parcs aient énormément contribué à préserver la vie sauvage, leur principal objectif était de protéger des grands mammifères, comme les gorilles et les éléphants. « Il y a des espèces qui vivent en dehors des parcs qui ne sont pas suffisamment protégées aujourd’hui. Pour sauvegarder toute la biodiversité du Gabon, il est crucial d’identifier davantage de zones où les espèces peuvent prospérer en bénéficiant de différents niveaux de protection. »
Des parcs nationaux aux Zones Clés pour la Biodiversité
Dans ce nouvel ouvrage, une équipe internationale de scientifiques, dont de nombreux experts Gabonais, ont identifié 35 zones clés pour la biodiversité. Ces zones abritent des espèces qui ne sont pas représentées de manière adéquate dans les parcs nationaux. « Nous avons travaillé avec des spécialistes de différents domaines – des botanistes, des experts en poissons, en reptiles et d’autres zoologistes – pour cartographier ces zones critiques pour la biodiversité », explique Olivier Pauwels. « Notre objectif était d’identifier les zones sensibles pour les espèces nécessitant d’être conservées, de manière à mieux les protéger à l’avenir. »
Le livre est le fruit d’une collaboration entre de nombreuses institutions, y compris le Missouri Botanical Garden et l’Université Libre de Bruxelles (ULB), notamment pour l’étude des orchidées et des arbres natifs du Gabon. Olivier Pauwels souligne que ce projet a été rendu possible grâce à la collaboration internationale. « Des scientifiques gabonais ont travaillé aux côtés d’experts d’autres pays. Ce type de coopération est essentiel pour produire des recherches exhaustives. »
Menaces pour la biodiversité du Gabon
Malgré le succès des parcs nationaux, Olivier Pauwels explique que la biodiversité du Gabon est encore menacée. « Les principaux problèmes sont la chasse non surveillée et la destruction des habitats, principalement causée par l’agriculture sur brûlis. Ce type de culture épuise graduellement les zones forestières et les forêts en question pourraient mettre plus d’un siècle à se régénérer » dit-il.
En plus de l’agriculture, les activités industrielles comme l’exploitation forestière et minière représentent également des risques, en particulier dans les zones riches en ressources naurelles comme le bois tropical. « Le Gabon est un grand exportateur de bois tropical et cela doit être géré avec soin pour prévenir une dégradation supplémentaire des forêts » ajoute Olivier Pauwels.
Prochaines étapes pour la conservation
Le livre décrit le statut juridique de chaque zone, détaille les espèces importantes qui s’y trouvent et identifie les risques potentiels. « Pour chaque zone, nous recommandons des protections spécifiques, même si elles ne sont pas aussi strictes que dans les parcs nationaux. L’idée est de prévenir des activités qui pourraient endommager ces habitats. » explique Olivier Pauwels. « Les recommandations seront différentes pour une zone côtière, où le développement hôtelier peut constituer une menace majeure, que pour une région montagneuse, où les risques principaux pourraient être la dégradation due à l’exploitation forestière et minière. »
Même si les zones identifiées ne sont pas encore protégées, le livre sert de guide pour les futures actions. « Ces zones sont les espaces les plus importants pour la biodiversité. Si un financement et un soutien logistique sont disponibles, ce sont ces zones qui devront être priorisées. » explique Olivier Pauwels.
Une feuille de route pour l’avenir
Il y a vingt ans, la création des parcs nationaux basée sur des recommandations scientifiques a montré que le Gabon pouvait protéger avec succès son patrimoine naturel. Aujourd’hui, ce nouvel ouvrage procure une feuille de route pour la prochaine phase de conservation, en se focalisant sur les espèces et les écosystèmes en dehors des parcs nationaux qui restent vulnérables.
Olivier Pauwels espère que cette nouvelle recherche mènera à d’avantage d’efforts de protection. « Le Gabon est encore en excellent état comparé à beaucoup d’autres régions. Avec une gestion et une planification méticuleuse, nous pouvons garantir que sa biodiversité sera préservée pour les générations futures.”