Un dauphin dans l'Escaut ne survit pas

Début mars, un passant a trouvé un dauphin mort échoué sur le quai de l'Escaut à Burcht. L'attention médiatique portée à cette découverte exceptionnelle a mis en lumière un fait encore plus remarquable : fin janvier, un passeur plus en amont de l'Escaut avait filmé un dauphin vivant.
Ce fut une étrange surprise pour Kobe Vercruyssen lorsqu'il a trouvé un dauphin mort le long de l'Escaut à Burcht le 7 mars 2025. L'animal gisait à une quinzaine de mètres du quai et menaçait d'être emporté dans la rivière par la marée montante. La nouvelle s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux. Grâce à l'intervention rapide de Kobe et René Maes, dépêché sur place, la carcasse a pu être attachée au mur du quai avec une corde afin qu'elle ne soit pas perdue.
Après avoir signalé l'incident à diverses autorités, le centre de soins « Wilde Dieren in Nood/Vogelopvangcentrum Brasschaat-Kapellen (VOC) » est finalement arrivé sur place pour récupérer le dauphin. Les pompiers d'Anvers ont dû intervenir pour retirer l'animal de l'eau, après quoi le VOC a emmené le dauphin à l'entrepôt de l'Agence Nature et Forêts (ANB) à Kalmthout pour un examen plus approfondi.
Identification et cause du décès
Lors de l'analyse effectuée par les employés de l'ANB et du groupe de travail sur les mammifères du « Natuurpunt Antwerpen Noord & Kempen », en consultation avec l'Institut des Sciences naturelles, il a été déterminé que l'animal était une jeune femelle d'une longueur de 166 cm et d'un poids estimé de 70 à 80 kg. La peau avait en grande partie disparu, ce qui rendait difficile de déterminer de quelle espèce il s'agissait. La dentition correspond le mieux à celle d'un dauphin commun (Delphinus delphis), mais un dauphin rayé (Stenella coeruleoalba) ne pouvait pas être complètement exclu.

Étant donné que la carcasse était déjà dans un état de décomposition avancé, aucune cause exacte du décès n’a pu être déterminée. Il a finalement été emporté pour être détruit.
« La découverte et la récupération du dauphin de Burcht ont été un exemple de coopération rapide et efficace entre les citoyens et diverses organisations, dont Natuurpunt Waasland, Dieren in Nood/Vogelopvangcentrum Brasschaat-Kapellen, l'Agence Nature et Forêts, l'Institut des Sciences naturelles et le groupe de travail sur les mammifères de Natuurpunt Antwerpen Noord & Kempen. Malgré les tristes circonstances, cet événement a offert une occasion unique d’étudier de près un mammifère marin rare », explique Johan Neegers du groupe de travail sur les mammifères susmentionné.

Un rebondissement surprenant
L’attention médiatique qui a suivi a mis en lumière un fait encore plus étrange, si possible. La découverte du dauphin mort à Burcht a rappelé au passeur Nils Verbeeck une rencontre particulière qu'il avait eue plus d'un mois plus tôt sur l'Escaut, bien en amont de Burcht. Cela l’a incité à contacter l’Institut des Sciences naturelles à ce sujet.
Le 31 janvier 2025, Nils a découvert qu'il n'avait vu rien de moins qu'un dauphin vivant à Hamme et a réalisé une vidéo qui le prouvait de manière irréfutable. D'après les images, on pourrait conclure qu'il s'agissait d'un dauphin commun. Il est très probable qu'il s'agisse du même animal qui a été retrouvé mort à Burcht 35 jours plus tard.
Les dauphins communs – et les dauphins rayés – ne sont pas adaptés à la vie dans les rivières. Ce sont des espèces pélagiques, ce qui signifie qu'elles préfèrent la haute mer et restent généralement loin des côtes. Au début, on soupçonnait que l'animal mort de Burcht avait été entraîné dans l'Escaut par les marées, mais cette hypothèse a dû être ajustée sur la base de l'observation à Hamme. On ne sait pas pourquoi ce dauphin a nagé si loin dans l'Escaut. Qu’elle n’ait pas survécu à sa visite au fleuve est, en revanche, moins surprenant.

Apparition rare
Jan Haelters de l'Institut des Sciences Naturelles explique à quel point cette découverte est particulière : « Après le grand dauphin et le dauphin à nez blanc, le dauphin commun est l'espèce de dauphin la plus attendue sur la côte belge. Néanmoins, cela reste un spectacle rare ici. Au cours des dix dernières années, seuls quelques cas de dauphins communs vivants ont été signalés dans notre pays, ainsi qu’une poignée d’observations dont l’identité n’a pas pu être déterminée avec certitude. »
Les échouages de dauphins communs sont également rares en Belgique. Le 22 décembre 2023, un individu récemment décédé et donc facilement reconnaissable s'est échoué à Ostende, mais les autres dauphins récents qui pourraient éventuellement appartenir à cette espèce (un en 2016, 2019 et 2020, et deux autres en 2023) étaient trop décomposés pour être attribués avec certitude à cette espèce. Le dauphin commun de Burcht et Hamme n'est pas le premier à être observé dans l'Escaut, mais il est, à notre connaissance, celui qui a nagé le plus haut dans le fleuve. Dans la partie néerlandaise de l'Escaut, un dauphin commun a été observé près de 's-Gravenpolder de fin juillet à début septembre 2002. Cet animal a été retrouvé mort à Saeftinghe le 8 avril 2003.
Le dauphin rayé est encore plus rare dans les eaux belges. Cette espèce n'a été documentée ici avec certitude qu'à deux reprises : un échouage d'un animal mort en 1981 et une observation d'un animal vivant du 15 au 19 mai 2009. Ce dernier a également nagé dans l'Escaut (Doel et Verrebroek), n'y a pas survécu non plus et a été retrouvé mort le 21 mai de la même année.


Nous remercions toutes les personnes et institutions impliquées pour la bonne coopération et la bonne circulation des informations. Les gardes forestiers Bram Vereecken et Lucas Bergmans de l'Agence Nature et Forêts ont respectivement assuré le signalement interne rapide du dauphin et la coordination générale de la récupération et de la mesure de la carcasse. Wilde Dieren in Nood/Vogelopvangcentrum Brasschaat-Kapellen a organisé le transport vers l'entrepôt ANB à Kalmthout.
Remerciements supplémentaires à Johan Neegers (Groupe de travail sur les mammifères Natuurpunt Antwerpen Noord & Kempen), René Maes (Natuurpunt Waasland), Jan Haelters (Institut des Sciences naturelles) et Jaap van der Hiele (Stichting ReddingsTeam Zeedieren, Pays-Bas) pour leur coopération sur le texte, et à Nils Verbeeck (Boottochten Jan Plezier), René Maes, Arlette Strubbe (Natuurpunt Waasland), Dafne Van Mieghem (VOC Brasschaat/Kapellen) et Geert Steel (Groupe de travail sur les mammifères Natuurpunt Antwerpen Noord & Kempen) pour avoir fourni les images.