Adaptations prédatrices chez le grand reptile marin du Jurassique Temnodontosaurus

01/09/2023
Crâne scanné de Temnodontosaurus
Crâne scanné de Temnodontosaurus

Des paléontologues ont découvert chez les Temnodontosaures - prédateurs marins de l'ère jurassique - que toutes les espèces n'étaient pas également adaptées à la capture de grosses proies. Cela indique que ces contemporains occupaient chacun leur propre niche écologique et évitaient ainsi la concurrence. L'étude comprenait la numérisation et l'étude de fossiles provenant de nos collections.

 

Les grands prédateurs marins font partie des animaux les plus emblématiques du Jurassique, captivant le public par la terreur de ce qui pourrait se cacher sous l'eau. Les crânes de certains de ces animaux ont été parmi les premiers fossiles découverts, et deux cents ans plus tard, ils continuent à livrer leurs secrets.

L’un de ces grands reptiles marins prédateurs est l'ichthyosaure Temnodontosaurus, qui vivait au Jurassique inférieur (il y a 201-174 millions d'années). Certains individus ont atteint des tailles énormes (avec des crânes de près de 2 mètres de long) et d'autres montrent des dents avec des tranchants bien développés, ce qui laisse supposer qu'il s'agissait de top prédateur. Cependant, l'écologie des sept espèces de Temnodontosaurus actuellement reconnues n'a jamais été étudiée en détail.

Le Temnodontosaurus présente une série d'adaptations du crâne et des dents pour attraper ses proies, y compris l'hétérodontie (différentes formes de dents sur la mâchoire) et des bords tranchants dentelés visibles au SEM (La microscopie électronique à balayage).

De nouvelles recherches dans Journal of Anatomy, dirigées par le Rebecca Bennion dans le cadre de sa thèse doctorat à l'Université de Liège et l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ont apporté un éclairage nouveau sur l'écologie de ce genre énigmatique. Dans le cadre de cette étude, des spécimens de toute l'Europe occidentale, dont certains d'Arlon en Belgique, ont été examinés, en combinant des comparaisons morphologiques détaillées avec de la numérisation 3D de la photographie au SEM.

Toute une série de dents

L'une des principales découvertes a été la première observation de dents aux tranchants dentelés chez un ichtyosaure. « Ces dentelures sont appelées "fausses dentelures" ; ce ne sont pas des unités distinctes régulières le long du tranchant, mais des distorsions irrégulières du tranchant causées par le développement de crêtes sur les autres surfaces de la couronne dentaire traversant le tranchant », explique Rebecca Bennion. L'étude a également montré la présence d'hétérodontie (un changement de la morphologie de la forme des dents de l'avant de la mâchoire vers l'arrière), qui peut avoir été une adaptation pour le traitement de proies plus grosses.


 

La gamme de morphologies dentaires et crâniennes observées dans les différentes espèces de Temnodontosaurus suggèrent que les proies étaient capturées et consommées de différentes manières. Toutes les espèces ne montrent pas de tranchants (dentelés ou non), et certaines semblent moins bien adaptées à la capture de proies de plus grande taille. Comme de nombreuses espèces différentes coexistaient dans les mers du Jurassique inférieur, cette gamme d'adaptations fournit des indices importants sur la façon dont ces animaux coexistaient en occupant des niches écologiques différentes, ce qui permettait d'éviter la concurrence, entre eux et avec d'autres ichthyosaures de l'époque.

 

« Grâce aux nouvelles technologies de pointe telles que le scan 3D et l'imagerie SEM, nous sommes en mesure de révéler de nouvelles informations sur le mode de vie de ces animaux », explique Valentin Fischer, professeur à l'Université de Liège et l'un des promoteurs du projet. « Notre recherche nous permettent de mieux comprendre comment le rôle des grands prédateurs dans les écosystèmes marins a évolué au fil du temps.

 

Basé sur un article par l’Université de Liège.

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