Une espèce rare de crabe fossile nommée en l'honneur de l'un de nos volontaires

Des paléontologues ont nommé une nouvelle espèce de crabe fossile, vieille de 85 millions d’années et découverte dans la mine de charbon de Houthalen, en l'honneur du volontaire Patrick De Saegher. Depuis douze ans, il numérise les documents historiques de l'Institut, notamment ceux concernant les Iguanodons de Bernissart. « Je suis immortalisé, certes, mais en tant que crabe », plaisante-t-il.
Les terrils et chevalements du Limbourg témoignent encore de l'extraction de charbon qui s'y est poursuivie jusqu'aux années 1990. Lors du creusement des puits de la mine de Houthalen, dans les années 1920 et 1930, de nombreux fossiles ont été mis au jour, notamment des pinces de crustacés vieilles de 85 millions d'années, ainsi qu'une unique carapace de crabe. Celle-ci s'est avérée appartenir à une espèce encore inconnue, désormais baptisée Binkhorstia desaegheri.
Cette nouvelle espèce rend hommage à Patrick De Saegher, laborantin retraité de BASF et volontaire à l’Institut des Sciences naturelles depuis douze ans. Il y numérise d'anciens archives – principalement des études scientifiques – afin de les rendre accessibles aux chercheurs d’aujourd’hui. Il a notamment scanné et classé l'intégralité des archives relatives aux Iguanodons de Bernissart, comprenant correspondances, dessins et photographies.
Un crabe exceptionnel
Son premier projet consistait à inventorier les fossiles issus des mines de charbon de Campine. C’est au cours de ce travail que le paléontologue Stijn Goolaerts a repéré cette carapace unique. Jusque-là, ce type de crabe n'était connu que par quelques spécimens trouvés dans la région de Maastricht, à la frontière belgo-néerlandaise. Mais celui-ci est plus ancien de 20 millions d'années.
« La probabilité de retrouver un jour un autre spécimen de ce genre est quasi nulle », explique Goolaerts. « Cette découverte nous permet de mieux comprendre l'évolution de cette famille de crabes, qui a d’ailleurs disparu suite à l'impact de la météorite à la fin du Crétacé. » Cinq collègues internationaux ont collaboré à l’étude, publiée dans le Netherlands Journal of Geosciences.
Patrick, quant à lui, se réjouit de cet hommage. « Mon frère et moi n'avons que des filles, notre nom de famille ne sera donc pas transmis… sauf par ce petit crabe ! » Passionné de fossiles depuis toujours, il se souvient : « En 1966, quand j'avais quatorze ans, on construisait le ring autour d’Anvers. J'avais lu dans le journal que quelqu’un avait trouvé une colonne vertébrale de baleine dans un chantier. J’ai donc attaché une grande caisse à mon vélo et je suis allé creuser moi aussi. J’ai trouvé une mâchoire de baleine et des dents de requin… et l'envie de participer à ces recherches ne m'a plus quitté ! »

