Un nouvel atlas montre où trouver les matières premières critiques en Belgique

11/06/2024
Échantillon d'une veine de plomb-zinc provenant de la carrière de Seilles (province de Namur). Les minéraux de Pb et de Zn pourraient être enrichis en germanium, une matière première critique. (Photo: IRSNB)


Une équipe de géologues belges a cartographié où pourraient encore se trouver des matières premières critiques telles que les terres rares pour les éoliennes et le cuivre pour les réseaux électriques, en Belgique. « Nous ne connaissons pas encore assez bien notre sous-sol », déclare la géologue Sophie Decrée (Institut des Sciences Naturelles). « Il est temps de l'explorer davantage. »

Reinout Verbeke


L'exploitation minière est de nouveau à l'ordre du jour. L'Europe souhaite extraire 10 % de ses besoins en matières premières critiques sur son propre territoire d'ici 2030 pour réduire sa dépendance à l'égard de pays comme la Chine, et ce pour le développement de technologies vertes.

Les matières sont considérées comme « critiques » si elles sont difficiles à remplacer, si la plupart des pays consommateurs dépendent des importations, et si leur approvisionnement est dominé par un ou quelques producteurs. La Commission Européenne en a identifié 34, dont la bauxite, le cuivre, le gallium, le lithium, le manganèse, le silicium et les terres rares.

Quelles matières premières critiques se trouvent dans le sous-sol belge, où exactement, en quelle quantité et quel est le potentiel des gisements ? Sous l'impulsion du Service Géologique de Belgique, qui fait partie de l'Institut des Sciences Naturelles, une équipe de géologues - également de l'UGent, de l'ULiège et de l'UMons - a compilé pour la première fois toutes les connaissances actuelles dans The Critical Raw Materials Atlas of Belgium.
 

Carte de la Belgique avec les sites et la quantité estimée de certaines matières premières critiques et importantes. (Image: IRSNB)


Cibles potentielles

« Nous avons utilisé des sources historiques sur les carrières et les mines désormais fermées, ainsi que des données de forages géologiques et de mesures géophysiques », explique la géologue Sophie Decrée. « Mais cela ne suffit pas pour cartographier entièrement notre sous-sol. Il reste encore de nombreuses lacunes. L'atlas est un point de départ et offre quelques pistes intéressantes pour une exploration plus approfondie. »

Par exemple, le Massif de Stavelot contient des roches enrichies en manganèse et en lithium. Le bassin de Mons détient la deuxième plus grande réserve de roche phosphatée sédimentaire (apatite) d'Europe. Le phosphate peut être utilisé comme engrais en agriculture, mais aussi comme source pour les batteries lithium-fer-phosphate. Les minéraux de phosphate contiennent souvent des terres rares, qui pourraient devenir un sous-produit intéressant.

L'atlas met également en lumière une autre zone prometteuse en plus du phosphate : les grandes réserves de plomb-zinc dans l'est de la Belgique et le long de la Meuse. Le zinc belge était un produit d'exportation important au XIXe siècle. Sophie Decrée explique : « Le zinc n'est pas une matière première critique, mais il est souvent nécessaire dans les nouvelles technologies. Et il se trouve fréquemment aux côtés de métaux critiques tels que l'indium, le gallium et le germanium. Il est donc intéressant d'examiner la concentration de ces métaux importants dans les gisements de zinc. »

D'autres pistes incluent les gisements de sulfures dans le sud du Massif du Brabant, contenant divers métaux associés (comme le cuivre, le bismuth et l'arsenic), les anciens déchets miniers qui peuvent encore contenir des métaux utiles, et le lithium présent dans l'eau pompée par géothermie profonde.
 

Le minéral chalcopyrite est l'un des principaux minerais de cuivre (une matière première stratégique). Il provient de la carrière de porphyre de Bierghes (Brabant wallon, Massif du Brabant).  (Photo: IRSNB)


Exploitation minière du XXIe siècle

La Critical Raw Materials Act de la Commission Européenne encourage les États membres à mieux cartographier leur sous-sol dans la recherche de matières premières critiques.

Cependant, ouvrir une nouvelle carrière ou mine n'est pas simple. Les carrières peuvent défigurer le paysage, et la Belgique est densément peuplée - 383 personnes par kilomètre carré - ce qui rend de plus en plus difficile le développement de nouvelles activités minières. De plus, la population belge garde des souvenirs mitigés des mines de charbon, qui employaient des centaines de milliers de mineurs aux XIXe et XXe siècles dans des conditions difficiles, avec la catastrophe de Bois du Cazier (Charleroi) comme point culminant.

C'est pourquoi les géologues et ingénieurs, notamment ceux de l'Institut des Sciences Naturelles, développent et testent des robots miniers. Ces robots pourraient utiliser des lasers pour rechercher les minéraux désirés sous terre et les extraire avec précision, minimisant la production de déchets et éliminant le besoin pour les humains de descendre sous terre.

Scanner la mine avec un laser pour détecter les minéraux, l'une des étapes du développement des robots miniers. (Photo : IRSNB)

The Critical Raw Materials Atlas of Belgium offre un aperçu actualisé des dépôts et occurrences en Belgique des matières premières critiques et importantes, cruciales pour la transition verte de l'Europe. En plus des cartes et des informations sur les types de minéralisation, il offre également des perspectives sur les futures initiatives d'exploration.

Vous pouvez commander l'atlas (25 euros + frais d'envoi / version PDF 20 euros) via gsb@naturalsciences.be.